Israël (1ière partie) : la solitude d’Israël

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(Cet article a été publié sur Twitter sous forme de thread le 29 juin 2020.)

Je vais parler ici d’Israël. Je n’en ai pas beaucoup envie mais je constate, à la lumière de certains événements récents, que je dois le faire.

Je le fais même si je suis toujours profondément secoué par la déferlante de commentaires antisémites déguisés en « anti-sionisme » que je reçois à chaque fois que je parle de près ou de loin d’Israël, du judaïsme et du peuple juif.

D’abord, je tiens à dire que je ne suis pas un « israélophile ». Je ne me définis jamais comme « phobe » ou « phile », surtout quand il s’agit d’un pays car je me méfie de ce genre de définitions. Elles sont simplistes et peuvent être le gage d’un dérapage lors d’une discussion serrée entre deux positions antagonistes. Je préfère dire que je connais l’Histoire du Proche-Orient, du Moyen-Orient et d’Israël et que je connais la réalité d’Israël. Je sais ce qu’incarne Israël pour notre civilisation occidentale et, s’il y a bien un pays que l’on se doit de défendre contre la haine et le mensonge, c’est bien aujourd’hui celui-là. Je vais donc donner dans ce qui sera une autre série d’articles le maximum de détails possible, c’est-à-dire la plupart des informations que j’ai ramassé sur le sujet au fil des années.

Il faut malheureusement constater que 72 ans après la naissance de l’État d’Israël, le but des peuples arabes et des États arabes, dont pas un seul d’entre eux n’est une démocratie et qui entourent la patrie juive, est toujours le même : détruire l’État hébreu. Il faut se rendre à la triste évidence : l’objectif poursuivi par toutes les hordes terroristes et par tous les États antisémites du Proche-Orient et du Moyen-Orient, ce n’est pas de créer un État « palestinien » qui coexisterait pacifiquement avec l’État israélien, non. Le véritable objectif, c’est l’anéantissement de l’État d’Israël.

« Israël, nous dit le philosophe et politologue français Pierre-André Taguieff, incarne l’Occident pour les anti-occidentaux, l’impérialisme pour les anti-impérialistes, les infidèles pour les islamistes, le racisme pour les pro-palestiniens. Il cumule les stéréotypes négatifs. Il est perçu comme l’État en trop qui devrait disparaître pour que les hommes soient délivrés du mal. »

Comment peut-on sérieusement dans les médias d’ici et d’ailleurs, ergoter sur le conflit israélo-arabe en oubliant ce fait pourtant capital, cette intention pourtant proclamée sans le moindre détour?

« Quand il s’agit d’écrire sur Israël, la majorité des journalistes oublie vite la déontologie de la profession, nous dit la journaliste catalane et activiste de gauche Pilar Rahola, et alors, l’acte de défense d’un Israélien devient un massacre et n’importe quelle confrontation devient un génocide. Il y a eu tellement d’aberrations qui ont été écrites sur Israël qu’il ne reste pratiquement aucune accusation à écrire contre lui. En même temps, cette presse ne nous parle jamais de l’interférence syrienne et iranienne dans la violence qui se propage contre Israël, de l’endoctrinement des enfants et de la corruption des Palestiniens et, en annonçant les victimes, chaque accident palestinien est annoncé comme une tragédie et chaque victime israélienne est camouflée, cachée ou annoncée à la va-vite. »

Lisez la Charte du Hamas, bon Dieu. Il y est écrit noir sur blanc qu’il ne doit y avoir qu’un seul État pour toute la Palestine et que cet État se doit d’être arabo-musulman. C’est donc très clair que l’État juif doit être pulvérisé et le Djihad islamique suit la même voie que trace le Hamas et le Hezbollah.

Alors, ceux et celles qui claironnent à qui veut l’entendre que la solution au conflit qui gangrène le Proche-Orient serait que les Israéliens consentent à la création d’un État « palestinien » sont totalement dans l’erreur car, dès 1948, Israël avait donné son accord à la mise en place d’un État palestinien. Cet accord fut constamment réitéré au fil des décennies par l’État hébreu, à la condition que les Palestiniens et les États voisins renoncent au terrorisme et qu’ils reconnaissent à l’État d’Israël le droit à l’existence. Ces conditions, pourtant très minimales, n’ont jamais été respectées. Jusqu’à ce jour, aucune conférence internationale n’a fait en sorte de pouvoir faire respecter ces conditions-là.

L’antisémitisme imprègne de part et d’autre le fondamentalisme musulman. Dans les écoles du monde arabe, l’exécration des Juifs est enseignée comme matière scolaire. Les mères des jeunes terroristes qui se font exploser parmi les civils pourtant innocents expriment leur joie d’avoir donné la vie à un martyr d’Allah. En Iran, on ne cesse de hurler à qui veut l’entendre qu’il faut « rayer Israël de la carte du monde » et que la Shoah n’est qu’un « mythe », en plus de répéter que la première cible de la bombe nucléaire, que détiendrait l’Iran, sera l’État hébreu.

Et c’est Israël qui est coupable de tous les maux de la Terre depuis sa création?

La responsabilité d’Israël et des Juifs dans la préparation et la mise en œuvre de tous les maux de la Terre est, pour des millions de personnes à travers le monde, une effarante évidence. Les théories conspirationnistes tomberaient en poussière s’il n’y avait pas Israël et les Juifs pour leur insuffler la vie. Il s’agit d’ailleurs d’une très ancienne maladie dont Pierre-André Taguieff a retracé l’évolution à travers les siècles dans un livre remarquable qui s’intitule « La Judéophobie des Modernes ».

« Par le mot « judéophobie », écrit Pierre-André Taguieff, je désigne l’ensemble des formes historiques qui ont été prises par la haine des Juifs et, plus largement, par toutes les passions, croyances et conduites anti-juives dont les manifestations furent (et sont) les violences physiques ou symboliques subies par le peuple juif. L’antisémitisme, apparu au XIXe siècle, est une forme de judéophobie de nature raciste et dont la manifestation la plus extrême a été représentée par l’antisémitisme génocidaire du régime hitlérien. De nos jours, cette forme horrible et radicale de judéophobie s’est transplantée dans le monde musulman. »

La haine des Juifs imprègne de part en part le monde musulman. Une haine féroce, pathologique et inhumaine. Dans les écoles du monde arabe, disais-je, l’exécration des Juifs est enseignée comme matière scolaire. Les tueurs de Juifs sont des martyrs que l’on vénère. Bien sûr, en Occident, cette abominable forme de racisme antisémite est largement repoussée avec indignation. On le constate dans les multiples commémorations de la Shoah. On éprouve toujours de la compassion, de la tristesse et de la colère au souvenir des Juifs cadavériques des camps de concentration en tenue rayée et dans lesquels étaient entassés des cadavres nus. Mais devant les Juifs bien vivants qui défendent avec acharnement leur existence et leur pays, c’est étonnant de voir ressurgir soudainement la judéophobie la plus malsaine. C’est comme si notre réserve de compassion et d’empathie étaient toute entière consacrée aux Juifs fantomatiques de l’univers concentrationnaire.

Dans le monde musulman, l’antisémitisme le plus virulent et le plus grossier sévit dans toutes les couches de la société, porté par des phalanges terroristes (Hamas, Hezbollah, Djihad islamique) et par des États despotiques (Iran, Syrie, Arabie-Saoudite). En Occident, on est quand même plus civilisé, davantage bienséant et on se confine dans « l’anti-sionisme », une forme subtile et plus montrable de l’antisémitisme. Il ne s’agit pas d’être vulgairement raciste, mais bien de remettre en cause le droit à l’existence de l’État juif.

De nos jours, 72 ans après la création d’Israël, dans bien des milieux en Occident, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, au sein même de l’ONU (pensons juste au grotesque Conseil des droits de l’Homme), au cœur même de plusieurs officines diplomatiques, dans beaucoup de salles de rédaction, au sein même de la classe politique et chez beaucoup de mes amis (malheureusement), la remise en cause et la mise en doute de la légitimité et du droit à l’existence de l’État d’Israël sont toujours très vivaces.

Cet « anti-sionisme » n’est pas toujours « à visage découvert ». Il se manifeste souvent par l’incorporation et l’intériorisation dans la conscience de la vision et de la propagande palestinienne car, si vous adhérez au mythe du peuple palestinien spolié, colonisé, ghettoïsé, persécuté et brimé, il est évident qu’en contrepartie, Israël devient un État spoliateur, colonialiste et persécuteur mais surtout, un État illégitime qui n’a aucun droit à l’existence et qui, de surcroît, est une partie prenante à de sombres complots avec leurs complices américains visant à dominer le monde et à l’asservir. Et ne nous y trompons pas : « l’anti-sionisme » est la porte ouverte à l’antisémitisme aujourd’hui, comme le disait Manuel Valls à l’époque où il avait encore une conscience.

Rappelons-nous qu’au XXe siècle, deux terribles conspirations ont été tramées simultanément. D’abord, le complot judéo-capitaliste, dont le financier Rothschild était la figure de proue et dont l’objectif était d’établir l’exploitation capitaliste des peuples du monde entier. Puis, le complot judéo-bolchévique qui poursuivait, lui, l’implantation du communisme sur la Terre entière. Vous aviez l’embarras du choix. Adolf Hitler, lui, n’a pas pris de chances : il les a adoptés tous les deux. Vous le voyez : à l’égard des Juifs, le conspirationnisme est vraiment très florissant et très fécond.

Vous comprenez maintenant pourquoi il est si pertinent de parler de la « solitude d’Israël ». Depuis sa création, à maintes occasions, l’État juif s’est retrouvé dans une terrible solitude, fustigé par l’ONU dont l’Assemblée générale est régentée par les États musulmans de connivence avec les dictatures de tout ordre, abandonné par l’Europe qui est sur la voie de se transformer en « Eurabia », honni par certaines gauches qui octroient au « Palestinien » le statut de l’Opprimé par excellence en lieu et place du prolétaire et vilipendé par certains médias qui le stigmatisent comme « l’empêcheur-de-faire-la-paix-en-rond ». Même les États-Unis, sous Barack Obama, ont pris leurs distances vis-à-vis d’Israël en n’exigeant des concessions que des Juifs tout en flagornant l’Islam. J’y reviendrai. Tout comme je parlerai de plusieurs autres points, notamment le processus de paix, la démocratie israélienne, l’acharnement de l’ONU envers Israël et les différents mythes du Moyen-Orient comme l’invention du « peuple palestinien ».