Pandémie : le retour des États-nations

8 Questions Employers Should Ask About Coronavirus

(Cet article a été publié sur Twitter sous forme de thread le 22 mars 2020.)

Je continue dans cet article ma réflexion sur la crise que nous vivons et sur comment j’entrevois l’après-crise une fois que nous aurons vaincu la pandémie du coronavirus de Wuhan. Si vous n’avez pas encore lu mon article précédent, je vous encourage à le faire avant d’aller plus loin.

Nous saluons tous le leadership de François Legault dans cette tempête sans précédent et nous avons tous raison de le faire. Il est solide et en contrôle. C’est le général que toute armée voudrait à sa tête pour aller à la guerre. Il a de quoi nous rendre fier et c’est la suite logique de ce qu’il avait déjà entrepris depuis son élection.

L’élection de la CAQ a d’abord fait s’écrouler un mur de la honte : celui de l’humiliation des Québécois sous les 2 régimes libéraux Charest-Couillard.

Fierté : 1

Multiculturalisme : 0

Puis, il y a eu l’incroyable débat sur la laïcité avec la Loi 21, une loi pied-de-nez au Canada anglais.

Fierté : 2

Multiculturalisme : 0

Puis, il y a eu la crise qui s’en est suivie, où les visions différentes et irréconciliables du Canada et du Québec sur le vivre-ensemble sont clairement entrées en collision. Legault n’a jamais bronché.

Fierté : 3

Multiculturalisme : 0

Puis, il y a cette crise du coronavirus de Wuhan, où les visions du Canada et du Québec sont encore entrées en collision.

Fierté : 4

Multiculturalisme : 0

Dans la tempête, François Legault érige réellement sa stature de grand homme d’État. Dans la tempête, il n’est pas le chef de la CAQ. Il est clairement le premier ministre de tous les Québécois, l’homme rassembleur que nous attendions tous mais que l’on n’espérait plus. On ne peut le comparer qu’à Winston Churchill et Franklin Delano Roosevelt sur ce plan. Durant la Deuxième Guerre mondiale, Churchill n’a jamais été le chef du Parti conservateur mais le premier ministre de tous les Britanniques. Roosevelt n’a jamais été le chef du Parti démocrate mais le président de tous les Américains. Un homme derrière qui tout le monde pouvait s’unir et se rassembler pour traverser l’inconnu. C’est pour ça qu’il détient le record de longévité pour un POTUS. À la convention démocrate de 1940, les délégués se sont faits les porte-voix du peuple américain pour convaincre Roosevelt de rester à la barre de la nation.

« Nous voulons Roosevelt. L’Amérique veut Roosevelt. Le monde veut Roosevelt. », s’écriaient-ils. 80 ans plus tard, dans ce pays en devenir au Nord de l’Amérique, un grand peuple peut s’écrier : « Nous voulons Legault. Le Québec veut Legault. Le monde veut Legault. » Pourquoi en est-il ainsi? Parce que nous avons confiance en lui et que nous sommes tous fiers, collectivement, d’avoir un PM à la hauteur. C’est pour ça que le Québec, le peuple québécois et François Legault vaincrons ensemble le coronavirus de Wuhan.

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Il est dommage que tous les autres chefs d’État ne soient pas aussi transparents et proactifs que lui. Nous avons un « opossum hypnotisé » à Ottawa (merci à Infoman pour celle-là) qui a fait passer son idéologie post-nationale et multiculturaliste avant les recommandations de la santé publique qui le suppliait de fermer les frontières. La semaine dernière, les aéroports du Canada étaient toujours de véritables passoires. Trudeau a cédé quand sa position était devenue intenable. Il est le chef du PLC et surtout pas le premier ministre du Canada. Lisez ce brillant texte de Mathieu Bock-Côté.

Dans le pays d’apartheid au Sud de nous, il y a un POTUS qui a tout fait pour minimiser la pandémie car cet homme s’informe sur ses sites de fausses nouvelles et non à des sources fiables. Il s’est réveillé deux semaines trop tard lui-aussi. Il n’hésite pas non plus à polariser la situation en s’en prenant à ses adversaires et aux journalistes qui le questionnent. Trump n’a jamais réussi à mesurer la hauteur de la fonction qu’il occupe, il n’est jamais réellement devenu un POTUS et c’est pour ça que dans les journaux, on parle de lui comme du « milliardaire républicain » et non comme du POTUS. Et ça parait quand on l’écoute parler. Les démocrates ne valent pas mieux que lui en ayant refusé d’appuyer le plan d’urgence. Pendant ce temps-là, les populations de la Californie et de l’État de New York, les deux locomotives du pays, sont confinées.

En France, Macron a lui-aussi agit en irresponsable en refusant (notamment) de fermer les frontières quand il était nécessaire, voire indispensable, de le faire et en tenant le premier tour des élections municipales malgré la pandémie et malgré le fait que les médecins le suppliaient de ne pas le tenir, exposant ainsi plusieurs de ses citoyens au virus. Macron, ce grand européiste devant l’éternel, aurait voulu augmenter le nombre de morts en France et que la situation devienne hors de contrôle qu’il n’aurait pas pu s’y prendre autrement. Il est le chef de la LREM et surtout pas le président de la France. Et bonne chance pour maintenir la loi martiale dans un pays où existent des zones de non-droit et des minorités rétives. Lisez ce qui se passe en France, c’est monstrueux.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a pris la mesure du virus trop tard lui-aussi. Lui-aussi fait du hockey de rattrapage depuis ce temps. La situation est on ne peut plus critique en Espagne et en Italie, où les peuples de ces deux pays sont confinés et où leur système de santé s’est littéralement écroulé, incapable d’absorber le nombre de personnes infectées à prendre en charge. On dit que l’Espagne et l’Italie, c’est la France dans deux semaines. Je serais malheureusement porté à le croire.

Je répète que les pays d’Europe qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont pris la mesure de ce virus à temps, qui se sont comportés en États souverains et qui ont fait fi du dogme européen en fermant illico leurs frontières. Voilà pourquoi j’entrevois la fin de l’Union européenne à plus ou moins brève échéance. Cette technostructure liberticide tenait déjà avec de la broche, surtout depuis le Brexit. Le coronavirus de Wuhan ne fera qu’accélérer les choses en la faisant mourir cinq ans plus tôt que ce que j’avais anticipé.

Je maintiens tout ce que j’ai dit sur la Chine. Ce pays de cul porte l’entière responsabilité de ce cataclysme mondial et des morts qui en résulteront. Jean-Patrick Grumberg nous a présenté la chronologie des mensonges, de la désinformation, de la manipulation et de la répression en Chine depuis la naissance du coronavirus de Wuhan. Je vous invite à lire les fruits de toute sa recherche fouillée et minutieuse. Le SRAS en 2003 était de la petite bière d’épinette comparativement à ce que la Chine a pu faire en 2020. Ce que la Chine a commis est ni plus ni moins qu’un crime contre l’Humanité et tout crime contre l’Humanité se doit d’être sérieusement et sévèrement puni.

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La communauté internationale devra elle-aussi assumer un leadership fort le moment venu pour faire respecter le droit international. Une réforme majeure de l’ONU est donc à prévoir.

Tout ça, c’est ce que l’on voit. Mais, il y a aussi ce que l’on ne voit pas car n’y voir qu’une question de leadership néglige qu’il s’agit d’une situation de crise mondiale qui devra être corrigée au niveau des États-nations, les organisations supranationales ayant failli à la tâche. C’est vrai au Québec comme c’est vrai en Europe. L’idée de l’État-nation sort revigorée de cette crise sanitaire. La mondialisation avait déjà ses limites et on s’en doutait. Maintenant, on en est sûr. Quand je dis que j’entrevois le retour des États-nations, je fais surtout l’éloge de la cohérence des petits ensembles, qui sont plus écologiques et plus humains, quoiqu’en dise une certaine gauche.

À cela, il faut lire ce remarquable article de Richard Martineau sur ce sujet qui nous démontre l’inutilité crasse de l’Union européenne et des autres technostructures supranationales liberticides de cet acabit dans ce contexte de crise sanitaire.

Le rêve utopique d’une société mondiale sans frontière à la George Soros prend fin aujourd’hui. C’est un drame énorme pour le PLQ et QS, je sais. Ces deux partis perdent leur principale raison d’être.

Certains comparent la pandémie en cours à des événements que le Québec a déjà vécus. Il faut vraiment méconnaître l’Histoire du Québec pour faire ça. Le coronavirus de Wuhan n’a rien à voir avec les deux crises de la conscription, le Samedi de la matraque, la Crise d’Octobre de 1970, la Crise d’Oka de 1990 ou la crise du verglas de 1998. L’ampleur du coronavirus de Wuhan est planétaire. C’est pour ça qu’on ne peut guère le comparer qu’à la Deuxième Guerre mondiale pour trouver un événement historique comparable au point de vue de l’ampleur.

Certains parlent de repli identitaire, voire nationaliste (quel vilain mot). Misère. Je leur demande : on voit la même chose en Europe mais pour prendre l’exemple québécois, qui protège les Québécois présentement et qui assure leur sécurité et leurs besoins de base (se loger, se nourrir)? Certainement pas l’ONU ou une autre organisation supranationale liberticide et inefficace comme l’Union européenne et encore moins le gouvernement libéral et post-national de Justin Trudeau. C’est le gouvernement du Québec. Comme c’est le gouvernement du Québec qui a toujours et de tout temps protéger les Québécois. Et que dire du chemin Roxham, là où les immigrants illégaux continuaient d’affluer par milliers il n’y a même pas encore deux jours, et ce, sans risque d’être dérangés en sachant fort bien que nous avions la tête ailleurs et que nous devions consacrer des ressources importantes pour ces gens qui venaient (et qui continuent de venir) d’un des États les plus contaminés des États-Unis : New York. Encore une fois, « merci » Justin.

Pour les citoyens du monde et de nul part qui glorifient la mondialisation, le multiculturalisme et les frontières ouvertes, voilà où nous mène cette insouciance enfantine. Qu’ils s’entrent ça dans le crâne une bonne fois pour toute : le coronavirus de Wuhan est venu de la Chine car il est né en Chine. Je l’ai dit et je le répète : s’il doit vraiment y avoir une mondialisation capitaliste à court terme, celle-ci doit exclure les pays totalitaires comme la Chine. Il y a quelques années, Guy Millière avait écrit un livre : « La Septième Dimension, le nouveau visage du monde après la crise ». Il y disait que pour humaniser la mondialisation, il fallait à tout le moins prendre en compte les facteurs politiques et géopolitiques, pas seulement les facteurs économiques. La mondialisation ne peut se faire adéquatement sans tenir compte également des normes sanitaires existantes dans les pays (et les conditions sanitaires en Chine sont un véritable désastre humanitaire).

Il y disait également qu’accepter la liberté des échanges ne voulait aucunement dire qu’il faut accepter une immigration illégale massive. Je crois qu’à court terme, nous devrions l’écouter. L’Union européenne aurait dû prendre des notes avant de se substituer aux États européens et de pirater leur souveraineté, notamment en les obligeant à étrangler leur peuple pour rembourser leurs dettes et en les obligeant à se laisser envahir par une horde d’immigrants illégaux. La Grèce (par exemple) a goûté à ces deux médecines mondialistes au cours des dernières années.

Mais à long terme, il faut aller beaucoup plus loin. Aujourd’hui, en ces temps incertains, jamais le nationalisme et l’État-nation n’ont eu une aussi bonne mine. Être petit, c’est bien car c’est plus facile de contrôler tous les aléas de la vie courante et tous les États qui tirent bien leur épingle du jeu en ce moment sont très petits. Quand une nation perd ses contours et ses frontières, elle perd ses citoyens. Rien de plus vrai aujourd’hui.

N’y voir qu’une question de leadership néglige qu’il s’agit d’une situation de crise mondiale qui devra être corrigée au niveau des États-nations, disais-je, les organisations supranationales ayant failli à la tâche. Là, je vais tenter d’expliquer quelque chose et je vais tenter de le faire aussi bien que mes connaissances en Histoire et en géopolitique me le permettront.

N’en déplaise à la gauche islamo-intersectionnelle qui renie la nation, celle-ci n’est pas un « refuge », ni un péché à expier et la défendre n’est aucunement du racisme. La nation, c’est le tout de notre territoire national, notre maison. La nation, c’est une entité politique territorialement définie avec un État indépendant reconnu par les Nations-Unies. En 1945, il y en avait 51. Aujourd’hui, on en compte 193.

La majorité d’entre eux apparaît après la reconnaissance de l’ONU du droit des peuples colonisés à l’autodétermination externe, qui rend un État souverain sur son territoire et le seul apte à signer des ententes avec d’autres États souverains. Cette autodétermination externe diffère de l’autodétermination interne, un statut reconnu à une entité politiquement au sein d’un État indépendant.

Pour prendre l’exemple canadien, en 1867, le Royaume-Uni a reconnu au Dominion of Canada une autodétermination interne et ce n’est qu’en 1931 qu’elle reconnut à ce Dominion son autodétermination externe avec le Statut de Westminster. Aux référendums de 1980 et de 1995, le Canada s’est manifesté en désaccord avec le projet d’autodétermination interne du peuple québécois par crainte qu’il engendre son autodétermination externe. Et oui, le partenariat économique avec le Canada faisait en sorte qu’il s’agissait d’une autodétermination interne.

Ces référendums se sont tenus dans deux contextes différents. Le premier s’inscrivit dans la foulée des indépendances des peuples colonisés. Le deuxième s’est tenu dans la foulée de la chute du Mur de Berlin, qui a mis fin aux Accords de Yalta qui divisaient le monde en deux blocs.

Le premier contexte a engendré de nouveaux pays au sein des frontières coloniales. Le deuxième contexte a permis la reconnaissance d’entités politiques possédant une autodétermination interne sous la coupole d’États indépendants en situation d’implosion.

Après la chute du Mur de Berlin, un nouvel ordre international apparu au sein du bloc capitaliste. Il s’est irradié à l’échelle internationale et suscita des rapprochements politiques mais surtout économiques entre États indépendants en lutte face à un pouvoir économique grandissant sous le contrôle de multinationales supportées par de puissantes armées.

Cet univers découle d’un système-monde en construction depuis le XVIe siècle. Il est actuellement en phase critique causée par les forces périphériques, surtout semi-périphériques, qui attaquent le centre hégémonique capitaliste. La crise provoquée par la pandémie du coronavirus de Wuhan secoue ce centre, d’où les perturbations boursières dont les détenteurs d’actions recherchent des placements plus sécuritaires. S’y ajoute celle de l’environnement à l’échelle planétaire.

Du coup, les échafaudages supranationaux sont secoués et les États qui les ont construits évaluent leurs options. Le même processus est en cours au sein des États fédérés dont des entités ne disposent pas de l’autodétermination externe, celle qui octroie les pouvoirs régaliens à un État qui y accède.

Sous cet angle, la crise actuelle n’invite pas au « refuge », mais à l’affirmation de populations en des lieux qui relèvent des États indépendants pour faire face à une triple crise dont la sortie révélera des tâtonnements avant une construction d’un nouveau système-monde. Ne pas considérer ce qui a cours en ces termes invite à errer et à négliger que le Canada est une Fédération fortement dépendante des États-Unis, un pays en perte d’hégémonie qui cherche à la préserver et auquel s’accroche le Canada.

Au Québec, il s’exprime plutôt par une propension du gouvernement à déployer des mesures de protection de la population sur son territoire et il ne peut que constater qu’il lui manque des outils, le principal étant un État disposant des pouvoirs régaliens à cet effet.

Cette conscience aura des répercussions car elle s’inscrit dans la mouvance actuelle pour revoir l’ordre international par les États indépendants. Aussi, j’y vois une fenêtre grande ouverte pour l’affirmation à venir du peuple québécois si les personnes qu’il compose se définissent en futurs citoyens et futures citoyennes du Québec. Je parle du Québec et du Canada mais ce sera pareil partout. Nous ne serons pas seuls. Le remodelage du monde ne concernera pas seulement le Québec et le Canada mais bien le monde entier car il s’agira d’un enjeu planétaire. Mais, pour reprendre la fin du fameux poème de Michèle Lalonde : « Nous savons que nous ne sommes pas seuls. »

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